Par Belissa Rojas et Velina Serafimov de Fondaction Gestion d'actifs

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La finance n’a jamais autant eu de capacité à susciter des changements positifs. Alors que les marchés financiers accordent une attention croissante à la durabilité et à l’impact, l’occasion d’orienter les décisions d’investissement vers des résultats concrets est inédite.

Chez Fondaction Gestion d’actifs (FGA), cette opportunité guide nos actions. En tant que gestionnaire d’actifs centré sur l’impact, nous visons à offrir des rendements financiers compétitifs tout en générant des retombées sociales et environnementales concrètes. Alors que nous entamons notre troisième année d’existence, nous réfléchissons à ce qu’il faut réellement entreprendre pour favoriser le développement durable grâce à la finance.

De notre expérience et de nos échanges avec nos pairs, nous avons observé plusieurs schémas récurrents qui empêchent les organisations d'atteindre leur plein potentiel en matière d'impact. Beaucoup d’équipes se concentrent sur l’élaboration de mesures très détaillées mais perdent de vue la situation dans son ensemble. Les systèmes de mesure sophistiqués sont utiles, mais peuvent donner l’illusion d’un progrès sans engendrer de véritables changements. Lorsque les équipes se concentrent sur le suivi de micro-résultats isolés, on néglige des questions plus profondes : cette intervention s’attaque-t-elle aux causes du problème ? Remettons-nous en question les conditions qui perpétuent les blocages ? L’effet est-il suffisamment significatif pour provoquer le changement souhaité ? Contribuons-nous vraiment à trouver des solutions ? Sans une vision plus large, la mesure devient un substitut à la stratégie et au changement significatif.

La durabilité et l'impact sont également souvent dissociés du processus décisionnel central. Les équipes ESG et/ou d’Impact peuvent être bien intentionnées, mais lorsque leurs idées ne sont pas intégrées dans la stratégie financière, la gouvernance ou le développement de produits, les résultats restent en marge des décisions d’affaires. L'impact devient alors une activité parallèle plutôt qu’un élément constitutif de l’organisation. La véritable transformation survient lorsque les dirigeants assument la durabilité à tous les niveaux de l'entreprise.

L’impact est fréquemment perçu comme une fonction réservée aux spécialistes techniques. Si l'expertise est essentielle, elle ne suffit pas. Lorsque le langage de la durabilité demeure limité à quelques rôles, l'engagement général en pâtit. Les collègues ne savent pas comment contribuer ou craignent de poser les mauvaises questions. Cela crée un désengagement au moment même où la finance a besoin de curiosité, de collaboration et d’audace. Le manque d’implication freine la capacité des entreprises à innover et à offrir des solutions porteuses d’impact.

On confond aussi souvent conformité et engagement. Les cadres de référence de la durabilité jouent un rôle crucial - ils élèvent les standards et facilitent la comparaison. Mais respecter des règles n'est pas la même chose que viser l’impact. Lorsque la reddition de compte devient l'objectif principal, la mesure de l'impact devient une formalité plutôt qu’une démarche intentionnelle. Nous considérons ces cadres comme des outils pour soutenir de meilleures décisions, et non comme de simples exigences externes à satisfaire.

Construire l’impact de l’intérieur

Pour nous, l’impact commence avec les gens.

En 2024, nous avons lancé notre programme interne ESG et Impact destiné à renforcer les compétences des gestionnaires dans l’application de cette approche à leurs décisions quotidiennes. Tous les membres de l'équipe, y compris les cadres dirigeants, y participent dans le cadre de leur formation continue. Plus tôt cette année, nous avons franchi une étape importante : tous les employés de FGA ont complété le cours Mesure et gestion de l’impact pour les ODD, basé sur les Normes d’impact des ODD développés par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et offert par l’Université Duke.

Contrairement aux cadres traditionnels axés sur la divulgation, les normes d’impact des ODD soutiennent la prise de décision. Elles offrent des conseils pratiques pour intégrer la durabilité dans les pratiques de gouvernance, de stratégie, de gestion et de transparence. Il ne s'agit pas d'idéaux abstraits, mais d'outils concrets qui garantissent que nos décisions créent de la valeur pour les personnes et la planète, et pas seulement pour les portefeuilles.

Cette expérience nous a permis de développer un langage commun et une compréhension approfondie de ce que signifie réellement une gestion orientée vers l'impact. Nous avons intégré ces normes dans nos processus internes et notre approche d’investissement, contribuant à l’élan mondial qui a mené à la publication des Lignes directrices ISO/PNUD pour les ODD en 2024. Ces lignes directrices offrent des outils pratiques et un vocabulaire commun pour aider les organisations à intégrer la durabilité dans leur stratégie, leurs opérations et leurs décisions d’investissement - passant de l’alignement aux ODD à l’action concrète.

Comme le dit Cathy Clark, directrice du Centre CASE de l’université Duke :

« Les normes d’impact des ODD ne concernent pas la reddition de compte. Elles concernent la façon dont vous gérez votre organisation. »

Nous partageons cette vision. Ces normes ne sont pas une liste de cases à cocher : elles visent à faire correspondre valeurs et actions dans la manière dont les organisations se gouvernent, se développent et prennent des décisions.

Ce que demande le changement réel

Nous ne sommes pas seuls dans cette réflexion. Lors de la Quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FFD4), tenue à Séville, en Espagne, du 30 juin au 3 juillet 2025, Sebnem Sener, responsable des finances privées pour les ODD au PNUD, a souligné un changement de cap :

« Ce qui rend ce moment significatif, ce n’est pas seulement le nombre de personnes formées. C'est la manière dont les organisations choisissent d'agir sur la base de ces connaissances. Le fait que les gestionnaires d'actifs intègrent ces normes dans l'ensemble de leurs équipes montre que la gestion d'impact passe d'une pratique marginale à une pratique courante. »

Ce constat nous a interpellés. Des milliers de personnes ont désormais été formées aux normes d'impact des ODD à l'échelle mondiale, mais le véritable défi réside dans la suite des événements. Pour nous, la formation n'était pas une fin en soi, mais un point de départ.

Depuis, nous avons continué à intégrer ces normes dans notre stratégie et notre modèle de gouvernance. Notre objectif n'est pas de nous conformer, mais de demeurer à l'avant-plan. Nous instaurons une culture où l'impact définit notre conception du succès, notre évaluation des performances et notre manière de concevoir les solutions financières.

Sur cette base, le PNUD et l’ISO développent actuellement ensemble des normes de système de gestion pour les ODD, une référence mondiale en matière de durabilité, et attendue pour 2026.

Nous savons que les systèmes ne changent que si les gens changent. Et les gens changent rarement sans disposer d’un cadre pour apprendre, réfléchir et poser de meilleures questions. Le type d'impact que nous visons ne peut être atteint uniquement par des mesures. Il nécessite une évolution des mentalités. Il demande aux organisations de créer de l’espace pour cette démarche, de bâtir la confiance à l’interne et d’assumer pleinement leurs responsabilités.

Nous avons choisi de bâtir un gestionnaire d’actifs qui applique ses valeurs au quotidien. Cette vision n’est pas une contrainte, mais une source d’innovation. Elle repose sur la conviction que la finance peut être une force positive - à condition que cela commence par la façon dont nous dirigeons et agissons.

Nous sommes encore au début de notre cheminement, et nous savons que nous ne pouvons pas le faire seuls. Mais nous sommes convaincus que le progrès repose sur un engagement partagé. Si cela vous interpelle, nous serions ravis d’échanger avec vous.

Explorons ensemble ce qui devient possible lorsque nous faisons correspondre le capital au courage, et l’intention à l’action.

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Vous souhaitez discuter de l’intégration de l’impact dans votre organisation ? Communiquez avec FGA pour en discuter.

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